Ecriture Passion par Patrick

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LA CONVOCATION

Je suis donc, comme on dirait maintenant, en « échec scolaire » !

Ma mère ne s’en remet pas !

« Il a tout pour réussir mais avec cette putain de fainéantise ! (Ma mère a toujours été grossière ! ) Jaaaaaaacques ! Et toi tu ne  lui dis rien !! »

Si, de temps en temps il me disait :

« Fais un effort pour ta mère ! Tu sais bien comment elle est ! Elle se fait du souci pour ton avenir ! »

Le souci que se faisait ma mère se traduisait en coups ! Mais ses coups ne portaient pas ! J’étais tellement habitué ! En fait, je crois qu’elle m’a appris l’art de l’esquive bien avant que je ne fasse des arts martiaux !!

 

Vers la fin de l’année, mes parents sont convoqués au collège par mon prof principal.

« Jaaaaaacques, tu te débrouilles comme tu veux mais tu viens avec moi ! C’est TON fils ! Et moi je suis dans un tel état d’énervement ! Si ça se trouve ils vont le foutre dehors ! Tu te rends compte ! La honte ! »

 

Et Jacques s’est débrouillé pour être là !

Et Jacques a entendu les mêmes choses que ma mère, de la bouche de cet enfoiré de prof !

« Votre fils n’arrivera jamais à rien ! C’est un fainéant ! De plus, son comportement est celui d’un effronté ! Je ne dis pas qu’il n’est pas capable mais, faites moi confiance, je connais ce genre de gosse ! Il finira manuel ! Et encore ! »

On notera au passage que ces fonctionnaires de l’éducation nationale, déjà à l’époque, avait un jugement très sur et très fiable et un sens de la pédagogie et du respect sans faille !!

 

Ma mère est en pleurs, bien sûr ! Mais je lis dans ses yeux mouillés : « tu vas voir ce que tu vas prendre en rentrant ! »

Mon père ne parle jamais beaucoup. Peur de pas bien maîtriser le vocabulaire sans doute ! S’il avait pu employer « son langage », je pense qu’il aurait dit, à ce prof, si plein de certitudes, quelque chose du genre :

 

« Ecoute, locdu, c’est pas parce qu’on est pas toubib ou baveux qu’on s’démerde  pas dans la vie ! Alors, mon lardon, te cailles pas le lait pour lui ! J’te parie un sacotin qu’il va s’en tirer les doigts dans le tarin ! Et toi, t’es ladémuche, dans l’coinceteau d’ton burlingue, l’savant,  à jaqueter  morale mais dix contre un qu’avec ta tronche de faux derche et tes étagères à mégots décollées, quand tu rentres à la baraque retrouver ta bourgeoise, tu fermes ta lourde à double tour et ta gueule avec, devant elle ! Tu bectes vite fait, pis tu vas au pieu en loucedé, et tu éteins sagement la calbombe pour pas voir ta gisquette à oualpé, tellement ça te ferais gerber ! Pis tu pionce en te demandant quel môme tu vas saquer demain ! Et les manuels, tu sais ou ils se la mettent ta morale ? Dans le prose mon poteau ! Dans le fion ! Et bien profond ! »

 

Mais bien sur, il ne dit pas ça ! Il dit quelque chose de tellement plus « classe » ! Cette phrase résonne encore à mes oreilles ! Et cette phrase résume à elle seule ce qu’était mon père !

Il dit simplement et calmement :

 

« Monsieur, vous êtes bien professeur de mathématiques ? »

« Tout à fait oui ! »

« Alors je pense que vous savez compter les billes, mais que n’avez jamais su y jouer ! « 

 

Waouuuuuu ! La tronche du prof !!!!!!!

Un petit « pffff » et il tourne les talons !

Ainsi parla mon père, ce jour là ! Lui savait faire ça !

Mais ma mère savait le lui faire payer…………………………………… !



11/11/2011
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